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Retour au Sommaire du Dossier Spawn
LES SCENARISTES AU SECOURS DE McFARLANE! par Cyrill
Quand McFarlane a lancé
Spawn, il n’a pas de direction précise ou de vision générale de ce qu’il
veut faire (ce qui était semble-t-il le cas de tous les auteurs Image). Il s’en
fout et le revendique : Le discours que McFarlane développe est à vrai
dire carrément insultant pour le métier de scénariste ("un bon
dessinateur fait un bon comic", pour paraphraser).
Mais il change très vite d’avis
et fait appel à 4 scénaristes de renom : Moore, Miller (les stars des 80’s),
Gaiman (le scénariste vedette de l’époque ; le plus célébré et
reconnu) et Dave Sim (qui apporte une caution "indépendante " de
par son discours intransigeant).
Chacun d’entre eux
réalise un épisode (8 à 11) et retravaille par la suite avec TMP (excepté
Sim) ; mais aucun, notons-le d’emblée, ne réalise un seul travail au
niveau réel de son talent.
ALAN
MOORE:
Moore avait cessé de
travailler pour le mainstream après le conflit qui l’opposait à DC et ne s’y
est remis qu’avec Image. Spawn # 8 ("In Heaven, Everything
is Fine", titre d’une des chansons de l’indispensable Erasehead de
David Lynch) est un des premiers travaux de ce retour, avec 1963.
Cet épisode est globalement
bon, nous présentant une vision de l’enfer particulière. Car Moore n’utilise
pas l’horreur de façon poétique et politisée comme dans Swamp Thing, il
fait désormais plus appel au visuel du Grand Guignol, ce qui se marrie assez
bien avec le style graphique de la série. Il crée un décalage puisque l’histoire
est narrée du point de vue d’un personnage que Spawn avait abattu comme le
plus vulgaire des Punisher. Le but est de distinguer Spawn des 20000 autres
super-héros tueurs publiés à l’époque, ce que Todd ignorera par la suite.
L’épisode est bon,
marrant et au final assez subtil, mais il a le défaut de présager une période
où Moore fait du mainstream sans réelle direction, motivation, volonté
réelle (ce qui ne prendra fin qu’avec Suprême) ; notamment chez TMP.
VIOLATOR, avec
Bart Sears et Greg Capullo, continue la démarche Grand Guignol, limite gore, en
accentuant l’aspect humoristique. Moore réutilise les frères du Violator qu’il
avait créés dans Spawn # 8, et nous présente les origine du premier ennemi de
Spawn, dans une ambiance totalement délirante. Ça ne vole certes pas très
haut, mais cette mini-série est d’une lecture agréable, suivant l’habituel
refrain "Même du mauvais Alan Moore reste au-dessus des standards de n’importe
quel autre auteur "...
Mais VIOLATOR/BADROCK,
qui fait suite à cette mini, est autrement plus lourd et inintéressant. L’idée
de cette mini vient de Liefeld, qui jouait un beau matin avec les jouets de ces
2 personnages et s’en est extasié ; le résultat dépasse de peu le
constat de départ. L’histoire est sans intérêt, mal ficelée, mal
dessinée, seuls quelques dialogues sauvent la mise, il est évident que ce
titre a été réalisé par-dessus la jambe.
SPAWN/WILDCATS
(à gauche), réalisé pour Wildstorm avec Scott Clark, est une série on ne
peut plus classique, très proche du style Marvel. 2 Wildcats du futur viennent
tuer Spawn, qui deviendra un très méchant tyran par la suite, mais personne ne
tue personne et tous ces Wildcats et Spawn repartent dans l’avenir sauver le
monde. C’est bateau, un peu gnan-gnan et on a déjà lu ça 200 fois, mais la
réalisation est honnête (bons dialogues, bon usage des Cliffhanger,
"bataille finale " bien gérée...).
SPAWN :BLOOD FEUD,
est une mini-série réalisé avec Tony Daniel où Spawn se demande si sa cape
ne serait pas un vampire serial-killer tout en se faisant chasser par un faux
templier moderne. C’est tout simplement le plus mauvais travail de Moore aux
yeux de l’auteur de ces lignes, pourtant le plus grand passionné de Moore
existant. On peut relire et relire cette mini en se demandant où Moore a mis le
petit quelque chose qui rend tous ses travaux, même les plus anecdotiques, un
peu différents : ici, il n’y a rien.
Moore travaille aussi sur Spawn
# 37, d’une façon surprenante. Ceux qui connaissent bien Moore savent
que ses méthodes de travail habituelles impliquent les scripts
ultra-détaillés et déjà dialogués, à la différence de la méthode Marvel,
où le scénariste doit en général improviser ses dialogues selon ce qu’a
fait le dessinateur.
Mais ici, Moore dialogue une
histoire déjà écrite (McFarlane) et dessinée (Capullo) ; le challenge
rend le résultat étonnamment bon, car Moore opère narrativement un décalage
par rapport à l’histoire centrale, rendant celle ci plus forte et
intéressante.
NEIL
GAIMAN:
Gaiman
est celui des 4 auteurs qui respecte le plus la continuité et la touche de la
série Spawn ; c’est aussi celui qui s’en mordra les doigts. Son
épisode, le Spawn # 9, présente énormément d’éléments dont
McFarlane a apprécié refaire usage par la suite, tels Angela, Cagliostro, ou
le Medieval Spawn. Il réalise ensuite une mini-série ANGELA (à
droite) avec Greg Capullo.
Ces travaux sont eux aussi
à des mondes de la qualité habituelle du travail de Gaiman, mais il est
amusant de le voir jouer avec des concepts moins sérieux, dans la
caricature : ainsi la mini Angela ressemble à toutes ces "Bad
Girls " qui fleurissent alors que Gaiman est le contraire de ce qu’un
scénariste de ce genre peut en général être. Il joue aussi dans le registre
de "bureaucratisation " de la magie, du fonctionnement des
démons, du paradis, de l’enfer.. (A la manière de Jamie Delano dans les
premiers Hellblazer), ce qui présente au final les concepts de bien et de mal
comme 2 entreprises concurrentes.
Gaiman et McFarlane sont
aujourd’hui en conflit suite aux produits dérivé des personnages créés par
le premier qui n’ont rapporté de l’argent qu'au second (par exemple ces
jouets fabriqués dans le tiers-monde par des enfants et qui font la gloire de
McFarlane). Ces problèmes aujourd’hui se retrouvent dans l’imbroglio des
droits de Marvelman / Miracleman, dont McFarlane et Gaiman possèdent leur part
de droits.
FRANK
MILLER:
Il y a peu de chose à dire
sur Spawn #11 et Spawn/Batman (à gauche), tous deux
réalisés par Miller & McFarlane : Miller est capable du meilleur
comme du pire, mais semble ces temps ci se cantonner au pire (scénaristiquement
parlant), ce qu’il a totalement confirmé dans ces courtes histoires stupides
de bagarres et de gros pistolets. Le mérite de Spawn/Batman est peut-être d’arriver
à accumuler tous les clichés des crossovers et de ce genre de choses.
DAVE
SIM:
L 'épisode écrit
par Dave Sim (Spawn # 10) (à droite) est totalement à part dans la série,
dans son ton habituel. Sim, l’auteur de CEREBUS, est un des plus
ardents défenseurs de l’auto-édition et semble vivre en dehors même de la
scène underground (déjà car il est sans doute une des rares figures de ce
milieu à être politiquement conservateur).
Il utilise cet épisode (non
réédité depuis) pour développer un discours sur l’industrie tout en
essayant de faire quelque chose d’un peu nouveau ; mais malgré toute la
vérité de son discours, le résultat paraît brouillon, limité, simpliste et
prétentieux (comme une bonne partie des travaux de Sim).
Le parcours de McFarlane
avec les scénaristes est resté compliqué par la suite : Grant Morrison
à son tour s’est cassé les dents sur Spawn, Paul Jenkins s’est trouvé à
l’aise mais semble avoir été en conflit avec le Toddler, de même que Brian
MichaelBendis, le seul à avoir vraiment fait un grand boulot scénaristique
chez TMP.
ARTICLES:
Les
Scénaristes au secours de McFarlane! (Janvier 2001) par Cyril