PROMETHEA
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Retour au Sommaire du Dossier ABC
PRESENTATION ET ANALYSE
Sophie Bang, une jeune étudiante new-yorkaise travaille sur une thèse concernant un personnage nommé Promethea, qui apparaît dans différentes ouvres de fiction à travers les époques, des poèmes de Charlton Sennett aux comics de Steve Shelley. Il lui apparaîtra que Promethea était une petite fille égyptienne du 5e siècle que des Dieux, pour la sauver d'une mort certaine (son père était un magicien et a été abattu par une foule de chrétiens l'accusant de satanisme), ont transformé
en une histoire.
Promethea est donc une histoire vivante, existant à travers les corps de différentes femmes et de leur imagination, dont Sophie deviendra la nouvelle incarnation.
Mélange de Alice au pays des Merveilles, du Magicien d'Oz, de WonderWoman, de Sandman et de Little Nemo, PROMETHEA est un titre fantastique et imaginatif très particulier ; mêlant des éléments habituellement liés aux contes de fée avec une modernité surprenante.
Le titre peut être assez difficile d'accès pour les plus jeunes lecteurs de temps en temps, mais si l'on se lance dedans, il devient réellement indispensable. Il convient pour cela d'accepter que la série soit, sur certains points, assez abstraite puisque utilisant beaucoup d'éléments métaphoriques et de références parfois obscures (mais on peut totalement apprécier sans comprendre ces références). Certains chapitres sont assez légers au niveau de l'action (touchant plus émotionnellement et intellectuellement), mais l'ambiance évoluant, on peut se retrouver avec quelque chose comme PROMETHEA#8, où les fans de John WOO se retrouveront parfaitement. De même, les dialogues percutant et l'humour restent bien sûr toujours au rendez-vous.
PROMETHEA est la série qui, parmi tous les ABC, est celui qui parle le plus de ce que Moore a au cour aujourd'hui : la magie et l'imagination, indissociables l'un de l'autre. C'est aussi un comics particulièrement féministe, surtout si l'on dépasse le premier niveau de lecture.
JH WILIAMS & MICK GRAY (&
JEROMY COX) :
Ces 2 artistes ont une part énorme dans la qualité de la série. Ils ont la plupart du temps travaillé ensemble, principalement sur CHASE, une excellente série DC de 97 disparue assez vite, et sur divers titres comme Starman, The Shade, le one-shot Justice Rider (la JLA au Far-West), quelques Batman, Green Lantern version Tangent ou même sur 2 épisodes de X-Man. C'est Alex Ross, fan de leurs travaux, qui les lie à Moore (Ross avait travaillé sur les premiers sketch de
Promethea).
Une de leurs marques de fabrique est l'unique manière dont ils agencent la mise en page, jouant avec la structure des pages comme des cases, très inspirée par le dessinateur français Druillet. Ce point est parfois exagéré (dans le #8 notamment), mais réussit parfaitement quand Promethea voyage dans l'Immateria (l'univers de l'imaginaire). Le design général est aussi talentueux. Les visages, corps et mouvement peuvent par contre souffrir de quelques imperfections mais touchent aussi parfois au génie (la progression se sent d'ailleurs au fur et à mesure que la série avance).
La mise en couleur est une réussite totale, surtout à partir du numéro 4 quand Jeromy COX (MAGE, LEAVE IT TO CHANCE, SHOCKROCKET..) prend en main la série, son utilisation de l'ordinateur étant quasiment ce qui se fait de mieux dans ce domaine.
Il faut noter les superbes couvertures, toutes inspirées d'un ouvre célèbre (le #4 est inspiré d'un tableau de William Morris, le 8 de BRAZIL, le 10 de Sergeant
Pepper...).
Enfin, remercions Williams & Gray pour être quasiment les seuls dans le monde du comics aujourd'hui à pouvoir dessiner de belles femmes sans leur donner le look
siliconé des bimbos
TopCow.
SOPHIE/PROMETHEA(E)
:
Si l'on parle de personnages de comics touchant, auxquels les lecteurs peuvent s'identifier, Peter Parker peut aller se rhabiller. Toute personne entre 15 et 30 ans connaît une Sophie, ou peut l'imaginer. Ses relations avec sa mère, avec les hommes, avec les autres Prometheae et surtout avec son amie Stacia, sont travaillées avec finesse et humour, sans jamais tomber dans l'introspection psychologique trop poussée mais en restant juste, en disant beaucoup par petites touches.
Quant aux autres incarnations de Promethea, elles ont quitté le monde matériel mais survivent dans l'Immateria. Moore nous les présente dans les chapitres 3 à 7, aidé en cela par des artistes invités de talent, comme Charles Vess pour une séquence féerique et José Villarubia pour l'étonnante séquence du chapitre 7 utilisant photomontage et CGI d'une manière peu orthodoxe. Grace, Anna, Bill et les autres représentent chacune à leur façon une vision de la femme liée à une époque, une vision de la magie, de la création, et une qualité particulière (elle-même équivalant à un symbole magique).
NEW YORK , LES FIVE SWELL GUYS , WEEPING GORILLA, LE TEMPLE , BENNY
SOLOMON.
Sophie vit bel et bien à New York aujourd'hui, mais son NY diffère bien de celui que l'on connaît : les voitures volent, les rues ne sont quasiment plus, remplacées par des «skyscrappers » omniprésents, la surcharge d'information est totale et visible (des ordinateurs partout, « Texture », le réseau d'informations murales permanent.), le maire est un schizophrène habité par 42 personnalités.
Moore et Williams ont donné vie à une culture différente, avec des groupes à la mode («les Misérables », «the Limp»
...) ou l'excellent « Weeping Gorilla Comix », caricature des comics dit « postmodernes », où un gorille pleurniche en permanence en sortant des pensées toutes faites assez hilarantes et volontairement déprimantes (un des plaisir de la lecture de ce titre étant « que va-t-il donc penser dans ce numéro »).
New York a ses Superheros (pardon, « science-hero »)locaux, les 5 swell guys, une version moderne, drôle et subtile des Fantastic Four, qui ont leurs propres problèmes (un des membres, Roger, le « costaud » de la bande, a été transformé en femme par un supervilain féministe, un autre subit la logique déprime du fait d'être télépathe..)et leur supervilain préféré (aussi celui des lecteurs) : Le Painted Doll, un Joker sous acide assez fan des films d'action de Hongkong, apparemment.
Notons Benny Salomon, le mafieux adepte de la magie noire, engagé par le mystérieux Temple (et attendez de les connaître) pour se débarrasser de Promethea. Notons le mage Jack Faust, un personnage inquiétant et original.
Moore & ses compères remplissent le comics de dizaines d'autres petits détails qui font de ce titre (comme de l'ensemble de la ligne) une lecture incomparable.
POST-SCRIPTUM
:
Bien que le titre soit accessible à tous les lecteurs, une lecture plus approfondie, voire documentée, en fait un comics unique, d'un niveau intellectuel unique pour du comics mainstream, ce qui explique que ce titre peut toucher un public différent du lectorat habituel.
Aussi, un article additionnel, voire un début d'annotation, sera peut-être rédigé plus tard.
Dossier ABC :
Présentation du label. par Cyrill
Présentation et analyse de titre: Promethea. par Cyrill
Présentation et analyse de titre: Top 10. par Cyrill
Présentation et analyse de titre: Tom Strong. par Cyrill
Présentation et analyse de titre: Tomorrow Stories. par Cyrill