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HELLBLAZER, par Cyrill

 

 

Dès les début de leur run sur Swamp Thing, Steve Bissette et John Totleben ont cette idée d’un personnage en imperméable et ressemblant parfaitement à Sting. On le voit apparaître en fond dès Saga Of The Swamp Thing # 25. Il est intronisé comme vrai personnage dans le # 37 : voici John Constantine, un des personnages les plus intéressants qui soient …

Constantine joue un rôle important dans le run de Moore, notamment pendant l’arc American Gothic, mais le lecteur en apprend peu sur lui : il apparaît et disparaît sans prévenir, manipule tout le monde (notamment Swamp Thing, qu’il ridiculise carrément), et fait profiter le monde de son humour froid et cynique (il a à son crédit les meilleurs dialogues de la série). Il apparaît cependant humain et positif au final, même si assez antipathique.

Puis vient la série régulière de Constantine, HELLBLAZER, où on apprendra à découvrir le personnage à domicile, de retour à Londres. On découvre un personnage complexe, fragile, extrêmement malin, voire totalement fourbe, égoïste mais facilement touché, colérique et concerné socialement. C’est un des premiers personnages de ce type à avoir une psychologie si travaillé, comme une version adulte et humaine des " Bad-Boys-mais-gentil-avec-un-passé-secret " qui fleurissent de partout dans les comics à la suite de Wolverine.

Sur de nombreux points, Constantine devient la " voix " des auteurs anglais, qui lui ont tous un jour fait profiter de leurs lignes, et avec qui il partage nombres de références : fils de la classe ouvrière, ancien chanteur punk, proche des milieux occultes, provocateur et anti-super-héros, John s’affirme dès le début comme un personnage très politisé.

Alan Moore a déjà raconté avoir une fois croisé dans un bar un personnage entièrement semblable à Constantine, qui l’a dévisagé avant de quitter les lieux. Cette histoire ayant fait son chemin, on raconte désormais que tous les scénaristes de Constantine, du moins Jenkins, Ellis et Delano, auraient été approchés (voire selon les versions insultés ou menacés) par John à une période où ils écrivaient leurs histoires. Sans doute un nouveau coup de Promethea.

Ainsi DC lançait une série régulière pour adulte, concernant un personnage sans costume, non-américain, gauchiste, qui ne s’est jamais placé dans une logique de bien et de mal, et où la plupart des numéros se privent de bagarre : du jamais vu ! Mais le résultat vaut le coup : Hellblazer est non seulement toujours publié, mais c’est même un des rares titres DC publiés aujourd’hui à avoir dépassé les 150 numéros.

L’identité du titre, comme du personnage, change particulièrement avec les différentes équipes artistiques, principalement les scénaristes.

 

JAMIE DELANO :

Delano (connu pour ses Captain Britain, Nick Fury et Night Raven chez Marvel UK) commence le titre dans la direction que Moore avait imaginé. Les méthodes d’écriture et les idées sont similaires, mais Delano est plus direct, moins littéraire que Moore. Le discours politique se radicalise : là où Moore usait de paraboles écologistes, Delano travaille à un niveau plus urbain, développe un discours ouvriériste sans détour : Thatcher est l’ennemi n°1, constamment brocardée par Constantine et Delano. Il invente un passé et un environnement à Constantine, s’axant notamment sur les amis et proches du personnages. Ceux-ci sont de l’avis général des éléments majeurs quant au succès du titre. Même si John est plus souvent source d’ennuis qu’autre chose pour eux, les relations seront gérées de manière moderne et intelligente. Il en est de même pour les aventures amoureuses de Constantine, qui a une vie sexuelle libérée affirmée (le simple fait d’avoir une vie sexuelle est déjà révolutionnaire).

Cependant, Delano n’est pas un auteur de la trempe de Moore ou de Morrisson : il a de bonnes idées mais du mal à les lier, voire à résoudre ses propres intrigues, ses dialogues sont bons mais répétitifs, son utilisation de l’aspect surnaturel est amusante et imaginative mais n’est pas du niveau des collègues. Mais le charme de Delano tient justement dans ce manque de professionnalisme, on sent une vraie passion pour le personnage, une vraie motivation : Delano veut foutre le feu et il le fait !

Sur le plan artistique, de nombreux artistes anglais se remplacent, notamment John Ridgway et Richard Piers Rayner. On assiste aussi aux débuts des carrières de Sean Phillips ou de Mark Buckingham. Les couvertures sont assurées par Kent Williams et Dave McKean, ce qui provoque toujours une joie dans les yeux du lecteur.

En bonus, Delano réalise un annual avec Bryan Talbot et termine son run par un numéro magistral, montrant comment la vie de Constantine aurait pût être si les choses s’étaient passées autrement, peint par Dave McKean.

Quelques fill-ins sont à noter, les # 25-27, mais les équipes artistiques ont un niveau acceptable : Morrisson et David Lloyd pour les 2 premiers, Gaiman et McKean pour le 3e, excusez du peu ! !

Delano a travaillé depuis quasiment exclusivement chez Vertigo, mais à petite dose et sans attirer l’attention des foules. Notons un run sur Animal Man, la mini-série Gosth Dancing, l’excellent Cruel & Unusual avec John McCrea, ou le Graphic Novel Hell Eternal avec Sean Phillips, qui est en cours d’adaptation au cinéma. Il a également écrit un très bon Legend Of The Dark Knight avec Chris Bachalo et une histoire surprenante sur Darkseid dans Legends of The DC Universe. Il est revenu vers Constantine plusieurs fois, pour un fill-in avec Sean Phillips, pour la mini-série The Horrorist avec David Lloyd, et l’an dernier pour Bad Blood, une mini-série plus proche de la comédie montrant un Constantine âgé dans une Angleterre futuriste.

Il vient de lancer une nouvelle série chez Vertigo, Outlaw Nation, avec l’artiste yougoslave Goran Sudzuka, une série ambitieuse et très travaillée où il explore la culture et l’imaginaire américains du 20e siècle à sa façon. Il a été récemment contacté par Top Cow pour écrire quelques épisodes de The Darkness.

 

GARTH ENNIS ET STEVE DILLON (avec des couvertures de Glenn Fabry) :

Steve Dillon a commencé sa carrière dans les années 80 comme tous les autres artistes britanniques et a déjà commencé à travailler pour DC dans Animal Man ou Skreemer. Ennis est lui très jeune (tout juste 20 ans) et signe dans Hellblazer # 41 (avec Will Simpson pour les premiers épisodes) son premier travail américain. Mais il avait déjà assuré une impressionnante production en Grande Bretagne, il a notamment été le seul à pouvoir écrire décemment Judge Dredd à un rythme mensuel.

Ennis prétend suivre fidèlement Delano, mais il apporte très vite un autre style au titre, lié à son écriture violente, directe, et à sa narration cinématographique. L’aspect politique l’intéresse moins, même s’il reste présent dans les dialogues et la personnalité de Constantine. Ennis transforme plutôt l’aspect surnaturel, et s’éloigne un peu de l’imagerie " gothique " qu’il ridiculise. Il regorge d’imagination et teste des concepts qui le suivent, comme cette découverte des Etats-Unis ou cette Entité mi-ange, mi-demon nommée Genesis, ...

Le succès d’Ennis et Dillon ne s’est pas démenti depuis : ils ont réalisé ensemble le superbe one-shot HeartLand et leur opus, Preacher, titre phare Vertigo de 94 à 2000, plus maîtrisé que Hellblazer (principalement sur l’aspect artistique), mais moins imaginatif et passionné, semble-t-il avec la distance… Ennis est devenu la superstar que l’on connaît à travers Hitman, Unknown Soldier, Darkness, Punisher, Demon, Dicks, … Il travaille actuellement sur quelques comics de guerre pour Vertigo (après Adventures of The Rifle Brigade et une nouvelle mini-série intitulée Enemy Ace), et sur plusieurs projets chez Marvel. Dillon réalise le Punisher avec Ennis ainsi que quelques épisodes de Wildcats avec Joe Casey. Il est aussi la victime de rumeurs le nommant futur artiste de  The Authority.

 

PAUL JENKINS ET SEAN PHILLIPS :

Après une histoire écrite par Eddie Campbell, l’artiste de From Hell, Paul Jenkins reprend le poste de scénariste de Hellblazer.

Jenkins transforme la série à nouveau : le côté " fantastique " devient prioritaire et éclipse l’aspect urbain et politique. Les histoires deviennent complexes et sont très lentes, Constantine est plus proche d’une sorte de " héros ", les dialogues deviennent moins bons alors que le comic est plus bavard... : vous l’avez compris, cette période n’est pas la plus intéressante scénaristiquement parlant. La série reste bonne, elle convainc même un nouveau public, mais ce n’est plus celle que les lecteurs adoraient…

Mais sur un autre plan, l’aspect artistique de la série est meilleur que jamais : Sean Phillips rattrape les fans par son dynamisme et son sens du storytelling.

Les 2 auteurs ont connu récemment le succès : Jenkins avec Inhumans, suivi par Witchblade, Hulk, Sentry et Peter Parker : Spiderman (où il livre un très bon travail). Phillips illustre désormais les WildCATS chez Wildstorm. Ils auraient un nouveau projet ensemble chez Marvel Knights.

 

WARREN ELLIS :

Après un nouvel arc de Garth Ennis, c’est Warren Ellis qui reprend la série, mais il ne restera finalement qu’une année : DC refuse de publier telle quelle une histoire, Shoot, qui aborde un problème d’arme à feu à l’école. Les problèmes de Columbus agitent les Etats-Unis. Le problème est réglé à l’amiable, mais Ellis s’en va. Il n’aura réalisé qu’une vraie histoire, Haunted, assez bonne mais passable, et quelques histoires courtes de bonnes factures. Il tente de faire revenir le vieux Constantine grognon et met la pédale douce sur l’aspect surnaturel, ce qui lui vaut l’amitié des fans.

Il faut noter que Ellis semble né pour écrire Constantine. Il a toujours créé des clones de John dans tous les comics sur lesquels il a bossé : Pete Wisdom dans Excalibur n’est qu’une mauvaise copie, Jack Hawksmoor et Jenny Sparks (Stormwatch et Authority) se partagent ses caractéristiques, Elijah Snow dans Planetary, le flic en colère dans ses Thor, sans parler de ses Hellstorm… Dans Planetary # 7, il présente non seulement un regard sur toute la période Vertigo à travers les yeux d’un simili-Constantine, Jack Carter, mais fait le lien entre Spider Jerusalem (de son Transmetropolitan) et le héros de Hellblazer.

 

Ellis est remplacé aujourd'hui par Brian Azzarello, le premier auteur non-britannique, qui s’accorde à calmer l’aspect " fantastique " et à renforcer l’horreur " humaine ". Constantine redevient le personnage énigmatique qu’il était dans les Swamp Thing : il part aux USA, se retrouve en prison… En quelques mois, Azzarello, avec un ton nouveau et très bien adapté, a fait de Hellblazer le nouveau titre-phare du label (avec la participation exceptionnelle du formidable Richard Corben et avec un nouvel (?) Artiste Marcelo Frusin, au style étonnamment bon), mais il faut noter que ses 2 premières histoires, bien que passionnantes, ont toutes deux des fins médiocres. Azzarello reconnaît : " En tant que scénariste, on vous encourage à pisser tout autour d’Hellblazer ". Alan Moore et Garth Ennis auraient même contacté les éditeurs pour leur confirmer qu’ils avaient trouvé le bon.

Azzarello écrit aussi 100 Bullets, tous les mois chez Vertigo, et a des projets avec Marvel (une mini-série sur Hulk, en attendant plus) et Top Cow.

 

 

Aucune traduction de HELLBLAZER n’existe, même si Constantine est présent dans le premier tome de Sandman chez le Téméraire.

Plusieurs tradepaperback sont disponibles en anglais : les premiers épisodes de Delano et Ridgway (Original Sins), la quasi-integralité de l’époque Ennis (Dangerous Habit, Fear & Loathing, Tainted Love, Damnation’s Flame) et la première histoire d’Azzarello, avec Richard Corben (Hard Times).

 

Nota Bene: Human Target pourrait sortir un jour chez Soleil.

Cyrill

 

Dossier Vertigo :

Article général: Historique, Présentation et Analyse du label. par Cyrill

Présentation de titre: Hellblazer. par Cyrill

Présentation de titre: Human Target. par Cyrill

Présentation de titre: 100 Bullets. par Cyrill

Listing: Séries régulières. par Cyrill

Listing: One-Shots et séries limitées. par Cyrill

 

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